Si vous aimez les histoires qui vibrent d'émotions, qui font du bien, qui font grandir et inspirent à garder espoir, vous prendrez plaisir à naviguer dans la vie de Chrystel.
Voici le premier chapitre du livre que je vous offre à lire gratuitement.
Chrystel
traîne le pas. Le bruit des professeurs et des autres étudiants qui passent de
tous les côtés ne l’affecte même pas. L’inconnu la préoccupe. Pourtant, ce
n’est pas la première fois. Pour l’étudiante, chaque rentrée est particulière
et symbolise le début d’un nouveau chapitre dont on découvre le dénouement
petit à petit. La jeune femme ne peut pas s’en empêcher. Des questions
traversent son esprit. Sera-t-elle à la hauteur ? Quelles relations
tissera-t-elle avec les nouveaux professeurs ? Pourquoi s’interroge-t-elle
ainsi ? Elle s’est toujours bien débrouillée, et aucun de ses anciens
enseignants ne s’est plaint de son travail. Au contraire, ils l’ont toujours
appréciée. Il n’y a pas de doute, elle survivra à cette rentrée 1995 comme
elle l’a fait les années précédentes.
Le
problème serait-il ailleurs ? Est-ce à cause de ce qui s’est passé ? Non ! Elle
refuse que cette affaire continue de la perturber : cela fait déjà
plusieurs mois qu’elle vit avec cette nouvelle réalité. Les choses seront
certainement différentes, mais elle s’autorise à avancer, même si elle ignore
ce qui l’attend. Réussir est sa priorité, surtout que c’est sa dernière année à
l’Université Savant de Montréal. Elle tient à obtenir son diplôme, qu’elle
anticipe avec une vive émotion. Elle a beaucoup à accomplir, la rédaction et la
soutenance de son mémoire figurent parmi les défis qu’elle doit braver. Elle
n’a donc pas d’autre choix que d’oublier le mal qu’elle ressent encore pour se
lancer corps et âme dans ce qu’elle appelle son « dernier combat
universitaire ».
Chrystel sent une tape
sur son épaule. Plongée dans sa réflexion, elle ne s’est pas rendu compte
qu’Olivia l’avait rejointe. Bien qu’elles soient amies de longue date, leur
rencontre demeure encore fraîche dans leur mémoire. C’était en 1988, lors du
championnat des cheerleaders qui a fait la une de la plupart des journaux des
lycées de Chicoutimi et ses environs. On pouvait y lire : « À ne pas
manquer : le grand défi de l’année. Quelle équipe sera la vedette ?
Découvrez-le du 8 au 10 juin prochains à partir de 10 h 00 au
stade La Porte d’or. » Après deux longues journées de compétition
intense, les équipes des deux jeunes femmes se sont affrontées en finale. Celle
d’Olivia a remporté la victoire. Extase, joie et fierté définissaient ce
qu’elle a éprouvé. Pour une fille de quinze ans, c’était un moment inédit.
Inévitablement, son bonheur faisait le malheur de son adversaire.
Chrystel a toutefois dû dissiper son chagrin pour consoler Rachel, sa
coéquipière. Elles se connaissent depuis la maternelle. Toutes deux se sont
retirées sur un banc. Elles observaient l’agitation de la foule dont les
commentaires leur renvoyaient leur échec.
Olivia,
entourée de ses partenaires et de leurs supporteurs, a dirigé son attention
vers elles. Elle avait remarqué leur performance tout au long du tournoi et en
avait été fascinée. Un sentiment de compassion l’a enveloppée. La championne
s’est approchée doucement d’elles, les a saluées et a félicité leurs efforts.
Ses compliments ont détendu les jeunes femmes. Les trois cheerleaders ont
conversé pendant plusieurs minutes sur les grands moments du championnat.
C’était le début d’une nouvelle amitié qui s’est muée,
au fil du temps, en une complicité solide et
imperturbable. Elles sont devenues inséparables, à tel point que leur entourage
a fini par les surnommer « les trois mousquetaires ». Sept ans
plus tard, Chrystel et Olivia marchent toujours côte à côte.
À
quelques mètres de leur salle de cours, Chrystel demande à son amie :
— As-tu
déjà rencontré le prof de linguistique ?
— Non.
— Ah,
les cours obligatoires ! soupire l’inquiète.
— T’en
fais pas. Hier au téléphone, JF m’a dit que c’est un bon prof, et qu’il est
sympa, en plus !
Une
vague de regards curieux accueille Vince Mercier dès qu’il entre dans la
classe. Sur le visage de l’homme de 31 ans se dessine une assurance
frappante qui démontre qu’il est prêt à affronter tout type d’étudiant. Son
teint métissé et sa coupe afro lui donnent un look hollywoodien. En bref, il
possède les atouts nécessaires pour attirer leur sympathie. À la fin de la
leçon, plusieurs se dirigent vers lui pour lui témoigner leur intérêt pour le
cours. Vince connaît cette tactique. Elle consiste
à tisser une amitié avec le prof dès le début de l’année
dans l’objectif qu’il soit souple envers eux plus tard. Il peut être pratique,
par exemple, qu’il leur accorde un délai supplémentaire pour rendre un travail.
Averti des règles du jeu, Vince y prend plaisir.
Deux
mois s’écoulent, et Chrystel se donne à fond dans ses études. Elle passe la
plupart de son temps entre les livres de la bibliothèque et l’écran de son
ordinateur. L’étudiante ne tient rien pour acquis. Elle consacre d’ailleurs
beaucoup d’énergie aux matières qu’elle maîtrise déjà. Après une semaine
chargée, elle réserve le samedi comme jour de relaxation où elle se permet de
faire la grasse matinée. Ce samedi-là, elle dort
encore à poings fermés lorsque trois coups à la porte la réveillent en sursaut.
Elle entend Olivia l’appeler mais ne se presse pas. À leur avantage, les deux
confidentes résident dans le même pavillon du campus.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Je pensais qu’on
allait à la gym à treize heures.
— Waouh ! Merci pour l’accueil ! répond
son amie en souriant.
— Ce n’est pas le moment. Sérieusement,
je suis très fatiguée, et j’ai encore sommeil.
— Écoute, il y a un petit changement. Je
dois effectuer une recherche à la bibliothèque, et je passerai directement à la
salle de gym. On se retrouve là-bas.
— C’est tout ? demande son amie, pressée
de regagner la chaleur de son lit.
— Je crois que c’est tout. Je m’excuse
sincèrement du dérangement, blague Olivia.
Chrystel referme la porte pour se précipiter à
nouveau dans son lit. La sonnerie du téléphone l’interrompt à l’instant où sa
tête touche l’oreiller. Elle fait une grimace d’insatisfaction en lançant son
bras pour décrocher. La voix rassurante de sa mère, à l’autre bout de la ligne,
change rapidement son humeur. Chrystel aime parler avec elle, et ne lui cache
presque rien. Elizabeth sait consoler sa fille quand elle est abattue,
l’encourager quand elle baigne dans l’incertitude, lui remonter le moral lors
de ses déceptions et la féliciter dans ses moments victorieux.
Après une longue conversation
avec sa mère, la jeune femme se douche. Elle mange un petit sandwich à la
volée, et se rend à la gym. Arrivée, l’image de Charles bavardant avec Olivia
la déconcerte. Son cœur se met à battre fort. Ils ne se sont pas revus depuis
l’été. Olivia, qui s’aperçoit que son amie hésite à les rejoindre, l’interpelle
de la main. Après que les ex se sont salués, elle s’excuse pour leur permettre
de se parler plus librement. Olivia s’imagine qu’ils ont encore beaucoup à se
dire. Elle a assuré la médiation entre eux dès le début de leur relation. Elle
s’embarrasse de ne pas savoir comment résoudre leur problème. Même si Chrystel
ne donne aucun espoir pour une éventuelle réconciliation, elle ne s’est pas
remise de l’incident qui a causé leur rupture. Comme mécanisme de défense, elle
a décidé d’éviter au maximum tout contact avec le jeune homme.
— As-tu
passé un bel été ? s’enquiert Charles avec son accent jamaïcain.
— Oui,
répond son ex, feignant de ne pas être perturbée.
Chaque
fois qu’ils se rencontrent, elle dissimule toute émotion. Elle tient à lui
montrer qu’elle a tourné la page de leur histoire. Le jeune homme reste
optimiste. Il pense finir par regagner la confiance de son ancienne petite
amie. Il la connaît trop bien pour ne pas y arriver.
— Je
t’ai envoyé quatre cartes cet été, reprend-il.
— Je
sais.
— Je
suppose que tu ne les as pas lues.
— Correct !
— Je ne
m’attendais pas non plus à ce que tu le fasses. Mais, je tenais quand même à te
faire signe.
— Écoute,
je ne veux plus que tu te donnes cette peine.
— Je
tiens toujours à toi, mon amour. Et tu le sais bien !
Un
peu énervée, Chrystel rétorque sèchement :
— Je
ne veux plus m’aventurer dans ce genre de conversation avec toi. Nous nous
sommes expliqués plusieurs fois. Pour moi, c’est une affaire classée. Je te
suggère d’adopter mon attitude. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, Olivia
m’attend.
Charles
tente de réagir, mais la jeune étudiante le freine de la main, et s’éloigne. Il
l’accompagne des yeux jusqu’à ce que son ombre disparaisse. Une sensation
de frustration l’envahit. Il garde pourtant espoir.
Cette
nuit-là, Chrystel est prise d’insomnie. Son échange de la journée avec Charles
assiège ses pensées. Leur séparation représente l’épisode le plus douloureux de
sa vie jusqu’à maintenant. À des moments, elle se demande si elle doit livrer à
nouveau son cœur à l’amour. Elle craint de subir un autre cataclysme
sentimental. Un cataclysme qui l’enfoncera dans un désespoir dont elle aura du
mal à se sortir. En tout cas, pas avec ses seules forces.
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Bonne lecture !